Le 12 juin 2023, la Ferme Gouteron, chez qui nous prenons les œufs et le poulet de chair nous annonce une mauvaise nouvelle. Le contrôle sanitaire qu’ils effectuent toutes les 15 semaines s’avère positif en salmonelle. C’est la première fois en 3 ans de travail, et nous espérons avec eux que ce sera la dernière.

Ci-dessous, quelques détails :

La salmonelle c’est quoi ?

« Les salmonelles sont présentes dans l’intestin des animaux et peuvent contaminer l’environnement via leurs matières fécales. Ces bactéries résistent au froid (elles ne sont pas détruites au réfrigérateur et au congélateur) mais sont tuées par la chaleur (>65°C). L’ingestion de salmonelles n’entraîne cependant pas forcément une salmonellose, cela dépend du sérotype de bactérie, de la dose ingérée et de la sensibilité des consommateurs. De plus, certains individus peuvent être porteurs sains de salmonelles, c’est-à-dire qu’ils peuvent porter les bactéries en eux sans développer de maladie. » Source : https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-les-salmonelles

La salmonelle à la Ferme Gouteron :

Comment a-t-elle été découverte ?

Toutes les 15 semaines, Lilian et Sandra effectuent le contrôle sanitaire qui est obligatoire pour les fermes ayant plus de 249 volailles. (Ils en avaient entre 1200 et 1800). Le contrôle se fait sur le fumier. Une fois réalisé, ils envoient les résultats au laboratoire d’analyse de la Drôme. Si les résultats sont positifs en salmonelle, le laboratoire contacte les services sanitaires d’hygiène, autrement appelés la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations).

Sur 5 ateliers de pondeuse, il semblerait que 4 ateliers soient contaminés. Attention, le fumier fut contaminé, mais ni les poules, ni les œufs ne font l’objet d’une analyse. On ne sait donc pas s’ils étaient contaminés, mais il y a peu de chance.

Comment est-elle arrivée ?

C’est difficile à savoir. Des analyses ont été réalisées sur la paille, sur les bâtiments, sur l’alimentation, sur les chemins d’accès… Mais tous les résultats ont été négatifs. La salmonelle se développe grâce à une forte humidité et de forte chaleur en même temps. La météo de ce printemps a été plus que favorable au développement de la salmonelle.

Quel est le protocole à suivre ?

Lorsque les résultats d’une analyse sont positifs, les producteurs, le vétérinaire affilié à l’exploitation et la DDPP se réunissent pour se mettre d’accord sur le protocole à mettre en place pour éliminer la salmonelle.

Dans le protocole ils procèdent donc à la sortie des volailles concernées car l’entreprise (affaiblie économiquement) ne pouvaient pas se permettre de valoriser les poules. Ensuite ils ont procédé au nettoyage et désinfection des bâtiments.

Ils décident donc de tuer les 1200 poules logeant dans les ateliers contaminés. Les producteurs, Lilian et Sandra, vont donc passer la semaine à tuer la quasi-totalité de leur élevage pour éviter des frais de prise en charge et vont curer les bâtiments eux-mêmes également. C’est-à-dire qu’ils procèdent à un nettoyage physique des bâtiments, retirent tout le fumier et l’emmènent en site de compostage.

Les volailles et les œufs partent à l’équarrissage et seront brûlés.

Nous parlons bien de poules et d’œufs potentiellement non contaminés. Et même s’ils étaient contaminés par la salmonelle, celle-ci ne survit pas au-delà de 65°C.

L’idée de transformer les œufs et la volaille en préparation alimentaire a été évoquée. Seulement, le coût de transport et de transformation reste plus élevé que la benne, et vu le contexte, la Ferme Gouteron ne pouvait pas assumer ces nouveaux coûts

Et les assurances dans tout ça ?

La Ferme Gouteron n’était pas assurée par ce qu’on appelle la Charte. C’est un service de l’Etat, gratuit, qui peut prendre en charge une partie des frais de tels évènements. Seulement il y a des obligations d’installation spécifique auxquelles la ferme ne répond pas. Ce qui est le plus dur à assumer économiquement ce sont les mois de non vente et le renouvellement du cheptel. Car le reste, (abattage, équarrissage, nettoyage), ce sont Lilian et Sandra qui l’ont fait pour limiter les frais.

La suite pour la Ferme Gouteron ?

Après une période compliquée émotionnellement et économiquement, Lilian et Sandra décident de continuer leur activité en la diminuant un peu. La SCIC la Carline décide de les soutenir et de les aider sur le plan humain et financier en leur mettant à disposition un accompagnement des Fermes Partagées. Grâce à l’aide de Béatrice Badel, ils réfléchissent à un prévisionnel viable économiquement, et seront amené à se voir régulièrement au cours des prochains mois.

« Elle amène un regard extérieur qu’on ne pouvait pas avoir seuls, elle connait à la fois très bien le monde agricole et manie très bien les chiffres. C’est une chance d’être accompagnés par Béatrice Badel. Je ne suis pas sûr qu’on aurai eu l’énergie et l’idée de se faire accompagner pour se remettre dans l’activité. Au départ, suite à l’abattage de nos volailles, on était plutôt partis pour tout arrêter. »

Le 7 août 2023, la DDTP passe pour effectuer des prélèvements sur les ateliers concernés. Les résultats étant négatifs, Lilian et Sandra peuvent reprendre leur activité.

Ils poursuivent donc avec 1000 volailles et vont continuer de vendre à la Carline.

On attend le retour de leurs œufs pour octobre et le retour de la volaille à l’automne.