Puisque pour beaucoup, l’emmental est un aliment de base et trône dans la plupart des frigos, nos difficultés d’approvisionnement vous sembleront absurdes.. Mais cette année, vous proposer de l’emmental bio français fut un véritable casse-tête! Ou peut-être plus une erreur de logique appro directe/appro via plateforme, voici quelques explications ..Depuis l’automne dernier, nous n’avions plus d’emmental (à part un obscur fromage rappé d’origine allemande considéré comme tel) car notre fournisseur la Fromagerie Marcel Petite subissait des ruptures régulières et a finit par abandonner la vente d’emmental à la coupe. Depuis, ce fut un véritable parcours du combattant pour trouver notre bonheur.
Au plus direct, notre plateforme d’achat locale nous propose un emmental à 25€ le kilo. Ça tiquerait un peu trop du côté des clients pour ce « produit de base ». N’y a-t-il pas d’emmental bio « artisanal » plus accessible? Et surtout, question centrale, pourquoi l’un des produits laitiers les plus répandus en conventionnel est-il si difficile à trouver en bio?
D’après nos interlocuteurs, l’emmental bio à la coupe est rare car :
- Les producteurs de lait bio sont peu nombreux : coûts de production élevés et prix du marché bas (car le lait est un « aliment de base » indispensable pour le commun des français),
- La fabrication de l’emmental est encore moins rentable : beaucoup de lait, des équipements coûteux et un prix de marché bas (car c’est aussi un « aliment de base » indispensable pour le commun des français),
- Les fruitières peinent à s’approvisionner auprès des producteurs bio car ils sont trop dispersés sur le territoire et les ramasses de lait seraient donc trop couteuses..
Au final, après avoir passées deux folles demi-journées au téléphone, nous avons trouvé l’emmental bio de Monts & Terroirs…
Mais impossible de travailler en direct avec eux comme nous aimons le faire car ils ne fournissent que les « gros ». Nous avons donc tenté auprès de leur revendeur, et là encore, le franco est trop élevé pour notre modeste magasin (qui s’agrandit mais quand même!).
Nous avons finit par ouvrir le catalogue de notre plateforme d’achat qui revendait leur produit (2e intermédiaire donc) et par commander le même emmental, qui sortait moins cher que chez le 1e revendeur…
Rien à voir avec les circuits-courts que nous recherchons au maximum mais entre ça et du mauvais fromage allemand, la morale de cette histoire semble être :
- Il faut parfois faire confiance au professionnalisme des « gros »
- Les prix de certains produits « de base », ne reflètent pas la complexité de leur production. Car avec un marché où l’emmental se vendrait à 25€ le kilo, nous aurions moins bataillé..
Votre avis nous intéresse aussi!
Un des éléments de réponse, c’est sans doute que le consommateur ne paye pas encore la nourriture au prix qu’elle coûte vraiment à produire. Et ce n’est pas vrai seulement pour l’emmental bio, ni pour la bio tout court ! Sinon, croyez vous que les producteurs rechigneraient à fournir la demande ? Non. C’est vrai pour l’emmental, pour le lait, pour la viande, pour le céréales… On préfère faire payer le contribuable (via la politique agricole commune) pour faire survivre les producteurs, et contenter les consommateurs qui croient payer leur bouffe, mais n’en payent qu’une partie seulement.
La vérité, c’est que nous avons oublié le vrai prix du travail des agriculteurs. Le juste prix de l’alimentation, c’est ce qui rémunère le producteur. Vraisemblablement, 25€/kg ce n’est pas encore le vrai prix ! Bravo pour votre recherche néanmoins.