Le saviez-vous ? La spiruline n’est pas une algue ! Et non, c’est une bactérie ! Une bactérie, qui observée au microscope, a une forme spiralée, d’où son nom. Une bactérie qui se développe dans l’eau saumâtre (mi-douce mi-salée) et qui a pleins de vertus. Elle est riche en fer, c’est un très bon antioxydant, elle favorise la circulation du sang et peut être utilisée pour les cosmétiques. La seule contrindication : ne pas en consommer si trop de fer dans le sang.

Bon, avec tout ça, on est obligé de lui consacrer quelques lignes. Et puis nous sommes allés visiter la Pimpreline alors raison de plus pour vous parler de poussière verte !

 

La Pimpreline c’est la ferme d’Émilie et Raphaël, producteurs de spiruline à Saillans. Ils ont commencé en 2011 et ont aujourd’hui une surface de bassin de 500 m². Ce qui représente deux serres de maraîchage.

Pour se multiplier, la spiruline a besoin qu’on lui donne du CO², apporté par le bicarbonate de sodium, elle a besoin de fer, d’oligo-éléments et d’azote minéral. Comme il est interdit en agriculture biologique d’utiliser de l’azote minéral, les fermes de spiruline ne sont jamais certifiée Agriculture Biologique et ont une dérogation pour vendre en épiceries bio. La Fédération des Spiruliniers de France est active et fait des recherches pour trouver une manière d’apporter de l’azote minéral aux bactéries par un autre biais que l’azote minéral tel quel. A ces débuts, Émilie a par exemple essayé l’urine de vache. En effet c’est une très bonne source d’azote minérale… Le goût de la spiruline en a pris un coup par contre… La Fédération des Spiruliniers de France continue de chercher.

La spiruline a aussi besoin de lumière pour réaliser la photosynthèse (c’est une cyanobactérie), mais pas trop pour ne pas que l’eau chauffe. C’est pourquoi ils ont installé des voiles d’ombrage qu’ils laissent toute l’année. (Voir ci-dessus)

De ce fait, l’eau a besoin d’être brassée régulièrement car les bactéries ont tendance à couler au fond de l’eau. Celles au fond ne recevraient pas de lumière et celles en surface en recevraient trop. Ainsi, un agitateur pallie à ce problème. (Voir ci-dessous).

La période de production commence en avril et se termine en octobre environ. Durant l’hiver les bactéries ne se multiplient pas car il fait trop froid.

Nos bactéries microscopiques se plaisent dans une eau entre 21 °C et 37 °C. En dessous, elles ont du mal à se développer, au-dessus aussi. En dessous de 5°C et au dessus de 42°C elles meurent. Ça c’est la théorie. Émilie nous explique qu’en fait la spiruline s’est adaptée depuis qu’elle existe (environ 3 milliards d’années) et peut parfois nous surprendre. Par exemple, ce printemps Émilie et Raphaël ont repris leur activité avec la spiruline de l’année dernière. Elle était en repos cet hiver, les bâches des serres ont été touchées par le gel mais il semble que la spiruline ai survécu. Ils ont donc pu repartir avec la souche de l’an dernier plutôt que d’en acheter une à un collègue spirulinier. (C’est ce qu’ils ont dû faire les années précédentes.) Cette année ce sont eux qui dépannent un collègue avec leur souche. (Qui leur vient du lac Lonar, en Inde).

 

 

 

 

Et la récolte de spiruline, comment ça se passe ?

Il faut d’abord s’assurer que la concentration de spiruline est suffisamment importante avant de récolter, au risque d’affaiblir la souche. Pour cela, les spiruliniers utilisent le disque de secchi. Il permet de mesurer la concentration de bactérie dans l’eau. On prend un échantillon d’eau habitée dans un récipient et on y plonge le disque de secchi. Si à 1 cm – 1,5 cm de profondeur on ne voit plus le disque, alors c’est bon on peut récolter ! Cela signifie qu’il y a une forte concentration de bactéries, qu’elles se sont bien multipliées et que l’on peut donc en prélever une partie.

Et comment fait-on pour récolter ces points verts minuscules dans toute cette eau ?

Émilie utilise sa table de récolte sur laquelle elle étend un grand linge à maille très très fine. A travers cette maille il n’y a que l’eau qui passe. Elle prend un seau qu’elle remplit d’eau verte et le vide sur sa table, elle remplit sa table avec plusieurs seaux et laisse la table s’égoutter. Elle utilise une raclette pour accélérer le processus. Une fois que l’eau est égouttée au maximum, elle prend la totalité du drap à maille très très fine et place sa spiruline dans une boîte qu’elle va fermer hermétiquement. En actionnant la machine, l’eau est aspirée, de nouveau elle retire le maximum de liquide.

A ce stade la spiruline peut être consommée dans les deux jours. C’est ce qu’on appelle la spiruline fraîche.

Mais pour obtenir des brindilles de spiruline qui se garde plusieurs mois, il faut la faire sécher.

Pour cela, Émilie utilise un presse saucisse revisité en presse spiruline. C’est dans cette machine que la pâte de spiruline devient de longs et fins boudins. Les boudins sont étendus sur des claies et sèchent pendant 8 heures à moins de 40 °C. Une fois séchés, les boudins se cassent facilement et deviennent brindilles. Une fois en brindilles, il n’y a plus qu’à procéder à l’emballage.

 

Un peu d’histoire ?

Là aussi c’est très intéressant. Et oui cette visite m’a beaucoup intéressé ! D’où le pavé que je vous ponds là !

Un belge l’aurai découvert à la fin des années 60 au Tchad. Il se rend compte que les populations locales consomment cette espèce d’algue qu’ils récupèrent dans des lacs d’eau saumâtre (mi douce mi salée), qu’ils font sécher en galette dans des trous de terre. En Inde, au Mexique et en Afrique, on consomme de la spiruline depuis déjà longtemps.

Son apport nutritif est si riche (protéine, oligo-éléments, fer…) qu’elle sauve des cas de malnutrition. Quelques petites fermes de spiruline voient le jour petit à petit dans le but de combattre ce fléau.

Plus tard, un professeur américain qui enseigne à Montpellier, se voit passionné par cette bactérie verte, tellement passionné qu’il en parle à ses élèves. Qui deviendront les premiers producteurs français de spiruline. En 1990, une dizaine de bonnes gens se lancent dans la production de spiruline pour pallier au problème de malnutrition. C’est comme cela que les spiruliniers français sont nés. Aujourd’hui, on compte 200 producteurs et productrices et cela ne suffit pas à la consommation française. Nous continuons d’importer de la spiruline. Attention à la spiruline importée, car contrairement à celle produite en France, elle est cultivée de manière intensive, et sa qualité est moindre. En France, nous avons la chance de n’avoir que des fermes de petites tailles, ont dit de la spiruline qu’elle est paysanne. La Fédération des Spiruliniers de France existe depuis 2009 et a été créée à l’initiative de quelques producteur.rice.s. C’est un réseau solidaire de paysan.ne.s partageant les mêmes valeurs. Ce réseau garantit d’une certaine façon la qualité de la production française, car à la manière dont ils se sont regroupés, ils certifient leur souci pour le respect des bonnes pratiques. (Environnementales, sociales, et économiques).

 

Et puisque vous avez lu jusqu’au bout voilà quelques recettes en bonus. Bonne dégustation !