…il y a des brebis, et des personnes aussi.
Il y en a 4, Rémy, Marion, Thomas et Victor.
J’ai visité leur ferme, située à Vachères-en-Quint, et ai voulu vous présenter un peu ce que j’y ai vu. Avec Thomas, la dernière recrue de l’équipe, nous avons sorti une partie du troupeau, puis l’autre, en pâture aux alentours de la ferme. Nous avons surveillé les brebis, d’abord de loin, puis nous nous en sommes rapprochés pour ne pas qu’elles mangent l’herbe du voisin…
L’histoire de cette ferme mérite d’être racontée, alors je vais vous en dire deux mots. Je n’y étais pas, il est donc difficile de retranscrire les faits de manière exacte, mais ce que m’a appris Rémy c’est que cette ferme est à l’origine de la création de l’association/fondation/foncière Terre de Liens. C’est une foncière qui achète des terrains et des bâtiments agricoles, et qui les met ensuite en location à des paysans qui veulent s’installer mais qui n’ont pas les moyens de mettre un gros billet sur la table dès le début d’une aventure dans l’agriculture. C’est lors de la question de la transmission de la ferme à la fin du siècle dernier que l’idée a germé. En voulant faciliter les démarches de transmission, la réflexion a mené les paysans de l’époque à la création de cette structure (début 2000). C’est donc la première ferme Terre de Liens. Elle l’est toujours actuellement et c’est ce qui a permis à Rémy de s’installer et s’associer en GAEC. Lui qui pensait devoir être propriétaire pour être paysan, il est aujourd’hui satisfait de pouvoir exercer son métier en étant locataire. Cela est moins coûteux et tout autant durable.
Venons-en au métier de paysan qu’on choisi de vivre nos 4 bergers. Qui y a t-il derrière ses petits carrés de brebis ? Le troupeau est peuplé d’une majorité de Lacaunes (les 3/4), répandues dans les troupeaux et connues pour le lait qu’elles fournissent (~1,1L/jour au GAEC de l’Hébergé) et du reste de Brigasques, plus rustiques, qui font moins de lait, certes, et encore que, mais font aussi un peu de laine et un peu de viande. Elles font un peu moins, mais de tout et c’est pour cela que cette race est en perdition. Il n’y en aurai plus que 2000 en France. Et oui, elles sont moins productives que leurs cousines, donc ont été petit à petit mises sur le bas côté de l’agriculture productiviste. Le GAEC actuel a hérité de ces 20 Brigasques et a décidé de les garder dans le troupeau parce qu’elles sont belles, bien plus calmes que les Lacaunes et parce que leur lait est de bonne qualité et assure un bon rendement fromager (plus de matière grasse. Aaah ! C’est de là que ça vient ! Goûtez les yaourts, vous comprendrez de quoi on parle !). Et puis, parce que si on veut imaginer l’agriculture différemment, si on veut petit à petit revenir à une agriculture plus diversifiée et ne pas s’enfermer dans un mode d’élevage spécialisé, c’est intelligent de faire perdurer ces races polyvalentes.
Comment se déroule leur journée avec leurs 100 et quelques brebis ?
5h30, sortie des brebis. Pâturer à la fraîche, c’est important autant pour les brebis que pour le berger !
7h à la traite. Une traite par jour au lieu de deux, c’est depuis peu. Encore un peu de pâture après la traite, ensuite elles se reposent, à l’ombre, toujours dehors et pâturent de nouveau quand les grosses chaleurs sont passées, en fin de journée. Tout le monde y gagne. Tout le monde se fatigue moins puisque les brebis et les bergers ne font l’aller-retour entre les pâturages et la salle de traite qu’une fois dans la journée. Et la quantité de lait n’est pas moindre et de meilleure qualité paraitrait-il.
Sur cette centaine de brebis, 80 sont à la traite. Parmi les 20 qui restent, il y a les agnelles, les antenaises et les turges. Que de jargon ! Au GAEC de l’Hébergé, les brebis attendent l’âge de 2 ans pour être mises à la reproduction et ensuite faire du lait, on les appelle les antenaises. Ils préfèrent attendre 2 ans pour que ce ne soit plus des bébés et qu’elles aient les formes pour accueillir un petit si l’on peut dire. Les turges, comme ils les appellent, sont celles qui ne sont pas mises à la traite pour une raisons ou une autre, blessure, vieillesse…
La ferme est passée entre les mains d’un photographe, le temps de quelques prises. Le noir et blanc de ces photos nous font revenir quelques années en arrière, je vous laisse en profiter.
Bel article technique sur la ferme et son histoire mérite d’être racontée c’est sur.
A quand un article sur comment s’est transmise cette ferme?
Si l’envie vous viens, je serai heureuse de vous apporté mon témoignage.
Aurélie Venet, co-gérante de cette ferme de 2014 à 2020