Yves Joubin vous connaissez? Vous l’avez certainement déjà croisé. Des yeux malicieux, une ressemblance particulière avec Jean Rochefort et une fougue impressionnante dans les bals folk (même à 87 ans!). Mais Yves c’est surtout un parcours dans le monde agricole incroyablement riche. Issu d’une famille bourgeoise de Strasbourg, rien ne le prédisposait a priori à la vie extrêmement diverse et variée qu’il mena dans le monde de l’agriculture.

Enrichi par 87 années d’existence (!), il est arrivé pour la première fois dans le Diois à 18 ans sur la ferme des Combes à Glandage par l’intermédiaire d’amis qui entretenaient le lieu. En 1950, la ferme appartenait à une paroisse de Marseille qui utilisait l’endroit comme lieu de vacances.Mais c’est en 1980, qu’il revient dans le Diois pour s’installer plus durablement, d’abord sur sa propre exploitation avec des chèvres laitières aux Granges à Lesches-en-Diois. Entre temps, il fut stagiaire chez un maraicher anthroposophe vers Gap, formateur agricole dans les maisons familiales, technicien agricole en Auvergne, professeur d’agriculture dans un lycée agricole etc. Toujours dans l’agricole…

A Lesches, l’exploitation de lait de chèvre n’a pas duré et Yves s’est engagé dans le service de remplacement de la Drôme affilié à la Chambre d’Agriculture. Ce sont ces missions de remplacement qui lui ont permis de connaître finement les différentes fermes de la région jusqu’à sa première retraite en 2002. Puis jusqu’à sa deuxième retraite(!), la vie agricole a continué pour Yves dans une association type « Jardins de Cocagnes » à St-Marcel-Lès-Valence, dans un couvent de bonnes sœurs et à la communauté de l’Arche à l’Abbaye St-Antoine en Isère. Depuis sa deuxième retraite, Yves a (évidemment!) toujours les mains dans la terre, puisqu’il est l’un des comparses jardiniers de Coco, notre épicière spécialiste du potager à La Carline. Depuis quelques années, il fait également des excursions en Afrique, notamment au Burkina Faso où il retrouve un certain développement de l’agriculture qui lui parle et donne envie de s’investir (encore!) auprès d’autres.

De l’agriculture productiviste après-guerre à la permaculture

En écoutant ce long et riche parcours, nous notons aussi les changements de mentalités dans l’agriculture. Aux débuts de Yves dans l’agriculture, les céréales étaient désherbés à la main ou à l’acide sulfurique(!). En période d’après-guerre, l’heure était à la nécessité de produire, de remplir plus que les silos et de développer une puissance agricole exportatrice. Au vue des moyens techniques de l’époque, l’arrivée des herbicides fut accueillie comme une libération. Un moyen de gagner du temps et de réduire considérablement la pénibilité au travail.

Le bio, Yves se souvient en avoir entendu parler jeune. Mais c’est vraiment à partir des années 80 qu’il s’y met, en même temps que la création de Terre Vivante à Mens. A la suite de cela, il a vu le mouvement bio s’épanouir jusqu’à lui-même enseigner les techniques biologiques et permacoles au CFPPA de Die.

Mais pour nous Yves, c’est avant tout ce sociétaire qui passe deux fois par semaines dans nos bureaux juste pour dire bonjour. Celui aussi qui, lorsque nous n’avions encore pas de presse à cartons, remplissait sa Renault Express pour faire des trajets à la déchetterie. Celui qui a toujours une gentille parole et qui nous rappelle qu’avant la SCIC, il y a eu l’association La Carline avec ses nombreux bénévoles dont il faisait partie depuis il y a trente ans!

Voilà, un petit texte qui rend hommage à l’un de ces personnages qui font l’histoire discrète et précieuse notre épicerie. D’ici la fin de l’automne, nous espérons que le coin café à La Carline sera opérationnel et que vous pourrez discuter de tout cela avec Yves. Il vous contera bien mieux que nous ses expériences, avec toujours beaucoup d’humilité et de curiosité d’apprendre quelques chose de nouveau, malgré son grand âge!